Le Pétrel de Barau, un marin de montagne
Le Pétrel de Barau, un marin de montagne
Le Taille-vent ou Pétrel de Barau (Pterodroma baraui) est un oiseau marin endémique de l’île de La Réunion. Sa population est estimée entre 15 000 et 20 000 couples. Ce Procellaridé pélagique passe l’essentiel de sa vie en mer. Il ne revient à terre que pour se reproduire entre 2000 et 3000 m d'altitude dans les hauteurs du massif du Piton des Neiges et du Grand Bénare. C’est le seul oiseau marin, avec le Pétrel d’Hawaï (Pterodroma sandwichensis), à nicher à une altitude aussi élevée.
Morphologie
Avec 38 cm de longueur moyenne, une envergure comprise entre 96 et 98 cm pour 397 g (pour les adultes) et 418g (pour les juvéniles), le Pétrel de Barau ne présente pas de dimorphisme sexuel. Le dessus de la tête et du coup, ainsi que les rectrices et rémiges de ce pétrel sont gris noirâtre. Le dos et les couvertures des ailes sont d’un gris bleu cendré. Chaque plume est bordée d’une frange claire sur le bord interne. Adulte, les couvertures gris-bleues s’assombrissent durant la saison de reproduction. Le front, le ventre et la face ventrale des ailes sont blancs. Le bec est court, épais et noir. Le tarse et le tiers proximal des doigts sont couleur chair, ces derniers sont noirs distalement. En vol, le dessous des ailes déployées laisse apparaître une bande noire allant du coude au poignet s’étendant ensuite sur les rémiges. A l’envol, les juvéniles peuvent avoir un peu de duvet (sur la tête ou la nuque) et on un dessus ailes plus clairs que les adultes.
Ecologie
En mer, le Pétrel de Barau pêche principalement en rasant la surface ou en effectuant parfois de petits piqués. Cette espèce pélagique, se nourrit principalement de céphalopodes (près de 80%), mais également de gastéropodes, de crustacés et de poissons (en proportions égales).
Les adultes s’alimentent dans deux zones. En période de reproduction, les adultes vont s’alimenter dans le Sud-Ouest de l’Océan Indien entre La Réunion et la bordure du plateau continental sud-africain (englobant les monts sous-marins du sud de Madagascar). En hivernage, les Pétrels de Barau migrent dans l’est de l’Océan Indien dans une zone située de part et d’autre de la ride océanique des 90°. Les juvéniles se retrouvent également dans cette zone après des parcours qui peuvent être plus long.
Le Pétrel de Barau ne retourne à terre que pour se reproduire d’octobre et mai. L’aire de reproduction est extrêmement restreinte (sur 12,4 km²) et comprend deux sites de nidification, le massif du Piton des Neiges et du Gros Morne et le massif du Grand Bénare. Les terriers sont répartis entre 2 000 m et 3 000 m d’altitude, dans des falaises et des crêtes à l’orientation sud/sud-ouest, associées à des zones abruptes (40 à 65°), et avec une hauteur de végétation comprise entre 60 et 120 cm. C’est le seul oiseau marin, avec le Pétrel d’Hawaï (Pterodroma sandwichensis), à nicher à une altitude aussi élevée. Le pétrel de Barau utilise deux types d’habitats pour sa reproduction, les fourrés éricoïdes et les zones d’éboulis. Le premier est optimal pour la reproduction et représentatif de l’habitat type de la colonie du bras des Etangs. Il est composé composés de branle vert (Erica reunionensis), de Branle blanc (Stoebe passerinoides) et de Branle filaos (E.arborescens) avec une strate bryophytique plus ou moins développée au sol. La couche d’humus est profonde et aérée. L’autre habitat type utilisé pour la reproduction est celui du Grand Bénare avec des zones d’éboulis majoritairement composées de cailloux et de blocs. Elles ont un substrat instable et une végétation temporaire basse et dispersée, dont l’espèce dominante est le Branle blanc. La couche d’humus est fine et compacte. Le Pétrel de Barau utilise les milieux secs, ouverts et rocailleux et des milieux plus évolués humides semi-ouverts avec un sol nu profond et stable. Mais il semble préférer une végétation plus dense, plus haute et riche due à des conditions climatiques plus favorables de la partie basse de l’étage altimontain.
Menaces
En danger d’extinction (EN) sur la liste rouge de l’IUCN les deux colonies de Pétrels de Barau font face à différentes menaces.
Le Pétrel de Barau est victime de la présence de mammifères exotiques envahissants comme le chat (Felis catus) ou le rat (Rattus sp.). Les chats prédatent les adultes et les rats font de la prédation sur les œufs et poussins. La pollution lumineuse est un phénomène qui a un impact sur les juvéniles lors de leur premier envol. Ils vont prendre les lumières artificielles pour des reflets de la lune et des étoiles sur la mer. Ils vont s’échouer et ne plus pouvoir redécoller à cause de leur morphologie. A plus grande échelle, le changement climatique pourrait avoir un impact sur les zones d’alimentation et de nidification.
Protection
Pour en apprendre plus sur cette espèce différents programmes de conservation existent. Le Pétrel de Barau fait partie d’un suivi renforcé depuis les années 2000. Des opérations d’améliorations des connaissances a eu lieu avec le programme LIFE+ Pétrels (2014 à 2020). La pollution lumineuse est réduite de mi-avril à mi-mai lors de la période d’envol des Pétrels de Barau. Les jeunes pétrels échoués sont récupérés par des bénévoles et soignés si nécessaire. Il y a des opérations de lutte contre les chats et les rats dans les colonies.